mercredi 29 août 2007

Boni Yayi et sa méthode de gouvernement

Candide Azannaï dit ses quatre vérités sur Boni Yayi et sa méthode de gouvernement

Terrible Vérité

Bmp8_3 Candide Azannaï est bien connu dans le paysage politique béninois. Ancien membre influent de la RB, il a été député sous les couleurs de ce parti, jusqu’à la crise qui a conduit à son départ. Volontariste par tempérament il est aussi enthousiaste à embrasser les grandes causes que jaloux de son intégrité morale. A plusieurs reprises, à travers les vicissitudes qui ont marqué son parcours d’homme public, il a démontré son sens de l’abnégation et son attachement à la vérité au service de la démocratie. Les prises de position variées et le parcours parfois sinueux de l’homme peuvent le faire voir surtout aux yeux de ses détracteurs comme un tempérament instable, versatile et un tantinet rebelle professionnel. Mais à y regarder de près, il semble bien que le parcours qui va du Secrétariat exécutif de la RB à la Présidence de Restaurer l’Espoir en passant par la direction de campagne de Yayi Boni à la présidence en mars 2006 est traversé par un seul fil d’Ariane : l’attachement à la vérité. Cette posture morale va de pair avec la priorité à la démocratie. Ne disait-il pas « Si le changement et la démocratie sont en conflit, nous devons laisser le Changement et sauver la démocratie » ? Il ne s’agit certes pas là d’un préjugé contre le Changement, car à maintes reprises, depuis mars 2006, le mousquetaire de la politique béninoise a eu à manier aussi bien l’épée morale de la vérité que celle politique du Changement. En effet, s’il a attiré l’attention sur le fait qu’on ne pouvait pas « vouloir un Bénin émergent et mettre la vérité de côté » il a été aussi l’un des chantres de ce défi onirique inouï lancé par le chef de l’état de faire de notre pays un autre Singapour...

Ayant jusque-là pratiqué un profil bas entre ces deux positions, voilà que l’épée morale prend le dessus et le mousquetaire dévoile ses penchants les plus tenaces : Candide Azannaï sort de l’entre-deux et dit ses quatre vérités au pouvoir. Dans une interview donnée à plusieurs journaux de la place, sans prendre des gants l’ancien député se livre à une critique acerbe de la gestion du pouvoir par Yayi Boni. Point par point, secteur par secteur, avec un souci d’exhaustivité méthodique tout à fait remarquable. Pour un homme qui sait la valeur des mots, et l’effet de leur usage, le choix qu’il en fait pour porter le fer au cœur du nouveau régime et de ses méthodes n’est pas laissé au hasard. Et ce choix, venant de lui, a de quoi inquiéter. Cette inquiétude doit susciter débat. C’est la raison pour laquelle Babilown a choisi de mettre ce document à la disposition de ses lecteurs.

S’agit-il des borborygmes amers d’un homme politique frustré de ne pas avoir sa part du gâteau caurique ? Ou bien d'une prise de langue stratégique avec les opposants historiques du nouveau régime qui n'attendent que l'échec de Yayi Boni pour se refaire une santé ? Ou alors, au rebours de l'émergence promise, est-ce la chronique lucide d’une immersion annoncée ? A chacun de juger...

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Azana1 L'Evénement Précis : Que pensez-vous de la gestion du régime du changement ?

CANDIDE AZANNAÏ. Il faut d'abord repartir de ce concept introduit en politique au Bénin. Ce n'est pas le Président Yayi Boni qui a été le premier à le faire. Me Houngbédji en a parlé dans

son livre « Il n'y a de richesse que d'homme ». Ce livre a été imprimé en 2005. Marie Élise Gbèdo en a parlé bien avant. Le mérite du Président Yayi Boni est dans la communication tapageuse autour de ce concept à la veille des présidentielles de 2006. Le changement n'est donc pas une exclusivité politique du Président Yayi Boni. C'est le vœu de tout un peuple lassé par le régime de corruption démesurée qui s'est installé dans le pays sous le Président Mathieu Kérékou. Mais il faut aussi dire que le changement est une nécessité naturelle dans la mesure où tout change et seul Dieu est immuable. L'appréciation politique s'intéresse moins au changement mais doit viser comment il faut le faire. Le changement tel qu'il est fait aujourd'hui est mauvais parce que fondé sur une méthodologie de précipitation, d'à peu près qui annonce beaucoup d'inquiétudes en dépit de la communication orientée que de la réalité. La réalité aujourd'hui est que les Béninois vivent mal mais sont abreuvés de concepts anesthésiants qui rappellent fort malheureusement les slogans de l'ère du PRPB, d'un Bénin où il fera bon vivre pour chacun et pour tous.

Les Béninois ne se plaignent pourtant pas comme vous semblez le faire ?

Il est manifeste que les Béninois vivent mal aujourd'hui. Est-ce qu'on a besoin de le mesurer autrement ? Les travailleurs, les enfants le savent, et cela dans tous les secteurs.

Parlons justement des enfants. Que vous inspirent les récentes mesures prises par le gouvernement.

Le problème de l'éducation fait partie des bombes auxquelles nous aurons à faire face. En réalité les engagements pris ne sont pas respectés. Nous savons tous que pour atteindre l'éducation pour tous, il faut mettre l'accent sur la formation de qualité des formateurs, mais aussi sur les infrastructures et sur le contenu des programmes à enseigner. Ce qui appelle globalement une grande réforme de l'éducation. L'idéal dans le monde est le droit à l'éducation pour tous. Je dois louer l'initiative qui consiste à alléger les frais de l'éducation maternelle et primaire. Mais je dénonce la précipitation avec laquelle cet ambitieux programme a été annoncé et mis en œuvre dans un contexte d'impréparation et de précipitation populistes. Les charges d'un tel programme sont nécessairement récurrentes et doivent s'accroître d'année en année. Et il est hasardeux de vouloir compter seulement sur les partenaires au développement pour faire face 'à un tel programme. Lorsque sans savoir où la gestion planifiée d'une telle gratuité doit nous amener, on nous annonce la gratuité des soins de santé pour les enfants de zéro à cinq ans on est en droit de poser la question de savoir s'il est bon de mettre tous les doigts dans une seule narine et en même temps. Les solutions actuelles ne sont plus dans les séminaires. La solution immédiate est dans la revalorisation de la fonction enseignante et la satisfaction des revendications des enseignants. La solution n'est pas non plus dans le déversement de jeunes bacheliers sous le couvert du service militaire dans l'encadrement des enfants, mais dans la conception intelligente d'un plan de recrutement et de formation dans la mesure où les moyens financiers existent actuellement pour le faire. Le programme du service militaire est un complot pour désorienter et divertir la jeunesse et pour assassiner la formation des enfants.

Notre pays se prépare à faire face aux consultations municipale et communale. Avez-vous le sentiment que le changement a touché nos communes ?

Il faut avouer que le président Yayi Boni n'a rien fait qui puisse le démarquer de l'attitude du régime défunt vis-à-vis de la décentralisation. Au contraire il tente de mordre à chaque fois sur les domaines réservés aux collectivités locales. Il est manifeste que dans le domaine de la décentralisation les chefs-lieux ne sont pas encore fixés, le transfert de compétence n'est pas effectif. Les préfets continuent de cumuler deux départements. Le Chef de l'Etat continue de faire des poses de première pierre dans les marchés et d'usurper ainsi le rôle des maires dans la décentralisation, tout en affichant un grand retard dans l'organisation des prochaines élections municipales. Le changement a contribué à arriérer la décentralisation, à la rendre inopérationnelle.

Un lourd contentieux oppose aujourd'hui l'Etat aux opérateurs GSM. Avez-vous le sentiment que ce dossier est bien géré par le gouvernement ?

Il faut dire que le dossier GSM a été très flou dès le départ. Mais il est très mal géré actuellement par le gouvernement. Il y a absence de réflexion stratégique et de solution de substitution. «Gouverner c'est prévoir », dit-on. Et gouverner c'est aussi chercher le bien de la population. Même l'opération qui a consisté à admettre GobalCom dans le système des Gsm au Bénin va coûter plus cher aux Béninois que ce que nous voyons aujourd'hui. Prenez un bic et écrivez cela quelque part et vous verrez. Un proverbe dit que si vous présentez des signes de faiblesse, vous serez absorbés par les plus forts. Ce n'est pas dans ce contexte où on n'a pas encore réglé le problème créé par les deux autres sociétés qu'on admet une autre société. Et cette société a le courage de venir sans avoir su l'issue qui sera réservée aux deux autres sociétés. En réalité le gouvernement n'a pas cerné tous les contours de ce dossier extrêmement nébuleux. Ce qui doit retenir notre attention, c'est que certains qui criaient très fort dans ce dossier au début commencent par ne plus donner de la voix. Et ces mutations brusques du bruit en silence doivent inquiéter si elles ne disent pas long sur ce qui nous attend. Lisez simplement le contrat avec Global Com. Au départ on disait qu'il faut que les opérateurs paient les 30 milliards.

Mais GlobalCom n'a payé ni 30 ni 33 milliards. Il va payer d'abord la moitié et le reste sur trois ans et on lui offre des conditions de facilité que les autres n'ont pas eues. On met des phrases farfelues, on rattache GlobalCom au schéma de coprospérité, et on donne 60 jours à cette société. Tous les abonnés qui subissent les affres de la mauvaise gestion de la situation vont attendre encore 60 jours !

L'Etat n'a-t-il pas raison dans ce dossier ?

Le débat envisagé de cette manière est faussé. C'est le même Etat qui a signé antérieurement avec eux. Ce n'est pas parce que le Général Mathieu Kérékou n'est plus là que le même Etat se métamorphose. Le débat n'est pas là. Le problème est de savoir quel type de relation l'Etat doit avoir avec les hommes d'affaires. Est-ce que lorsqu'un conflit intervient entre l'Etat et les hommes d'affaires, on doit les livrer à la vindicte de la population ? L'Etat doit respecter les lois, les règles-et les procédures. Tout Etat qui ne le fait pas ne peut lutter contre quoi que ce soit. Je ne trouve pas de raison qui puisse permettre à un Etat d'être hors-la-loi. Le problème se résume à ceci. C'est le même Etat avec ses cadres qui a signé quelque chose. C'est le même Etat qui trouve que ce qu'on a fait en son nom n'est pas bien. Cela nécessite alors une négociation, une vue stratégique et une solution de rechange pour protéger les milliers d'abonnés béninoise. On peut régler un problème mais il ne faut pas en créer de plus graves encore. Ce qui manque autour du Chef de l'Etat c'est des gens capables d'avoir une vue stratégique, la sérénité politique et des solutions de substitution. Je dirai donc que le dossier GSM est géré d'une manière immature et grotesque.

C'est la même chose que vous diriez de l'ouverture du capital de certaines sociétés publiques ?

Il y a à redire là-dessus. D'emblée je ne suis pas contre les privatisations. Le monde évolue aujourd'hui et à l'étape actuelle, nous n'avons pas toutes les compétences requises pour être compétitifs. Il faut être honnête. Mais on ne privatise pas tout et n'importe comment. Une bonne politique de privatisation aujourd'hui pour les petits pays à économie fragile comme le nôtre, doit être conduite en se référant aux concepts de la préférence nationale, de l'actionnariat populaire national dans le respect d'un plan social et d'une perspective économique qui permette d'avoir un regard en ce qui concerne les secteurs stratégiques. Ma divergence avec l'annonce faite par le Chef de l'Etat est là. Comment dire qu'il faut privatiser le Port ? C'est comme si on disait à un chef de famille d'aller privatiser son portail. Si donc aujourd'hui on dit qu'il faut privatiser le port, c'est un scandale, parce que le port est une frontière. On ne vend pas une frontière. Deuxièmement, pour des questions stratégiques, relations commerciales et de diplomatie. Vous savez, Oryx a fait des investissements énormes au Port. Est-ce que la privation du port concerne la privatisation d'Oryx ? Est-ce qu'on a déjà défini le type de relation que peut avoir Oryx avec cette privatisation ? Vous prenez même Maersk Lines qui amène de nouveaux équipements maintenant. Cela pose problème. Prenez même le Millenium Challenge Account; qui a un grand volet concernant la réforme portuaire. On est en pleine réforme, en plein investissement et on dit qu'on va privatiser. C'est stupide, c'est irréfléchi. Cela ne peut pas se faire. On peut privatiser des infrastructures. On peut ouvrir l'actionnariat de certaines infrastructures du port. Mais on ne peut pas dire qu'on privatise le Port ni l'aéroport.

Aujourd'hui l'action du Chef de l'Etat dans le domaine économique vise l'émergence à la manière sud-est asiatique. Comment appréhendez-vous tout ce qui est fait dans ce cadre ?

Ce qui peut retenir l'attention, c'est le discours du Chef de l'Etat devant la commission du MAEP (Mécanisme africain d'évaluation par les pairs). On note le déphasage manifeste entre la conceptualisation théorique d'une économie émergente et la réalité d'une gestion contre performante de l'héritage économique de notre pays. Car en parlant de la pré-émergence de l'économie béninoise, le Chef de l'Etat n'a indiqué aucun paramètre qui puisse justifier que nous sommes dans la pré émergence économique. Dans la mesure où en réalité nous vivons une désorganisation dans la plupart des secteurs stratégiques de l'économie nationale. Prenons par exemple le coton. Les objectifs de 600 milles tonnes sont loin d'être atteints. Ce n'est pas avec les pleurs qu'on développe une économie. Le délestage continue et vous savez toute la littérature qui a cours actuellement sur le dossier des turbines, encore que des bandeaux noirs sont en train d'être tirés sur les soupçons de mauvaise gestion dénoncée par le FONAC sur certains dossiers de la SBEE. En ce qui concerne la filière des véhicules d'occasion, c'est l'opacité totale. J'ai demandé à plusieurs reprises qu'on nous explique ce qui se passe dans cette filière. On n'a jamais donné une explication. En Juin 2006, l'Etat a pris la décision de reverser dans le giron des Douanes, l'activité d'escorte, notamment en suspendant Défi Emplois Jeunes qui en avait presque le monopole. Mais en le faisant, l'Etat n'a pas budgétisé ces ressources et on ne sait pas où sont logées ces ressources aujourd'hui. Tantôt on nous dit que c'est à la BCEAO, tantôt on nous dit que c'est au Trésor. Est-ce que c'est normal ? Combien a-t-on placé ? Quel intérêt cela génère et au profit de qui ? Que s'est-il passé ? Il faut que tous les agents des Douanes qui ont eu à gérer cette filière parlent. Je suis heureux de la question posée par un groupe de députés, notamment les députés PRD. Un grand flou persiste en ce qui concerne le secteur des hydrocarbures et les contre-performances du Port autonome de Cotonou doivent inquiéter. Globalement, seule la pression fiscale sur le monde des affaires et sur le contribuable béninois continue d'être l'espoir sur lequel comptent certains pour faire le Bénin émergent. Je ne pense pas que cela soit possible.

Par contre la lutte pour l'assainissement de l'économie nationale semble faire de grands pas notamment avec la lutte contre la corruption. Qu'en dites-vous ?

Les réformes en matière économique sont nécessaires aujourd'hui. C'est à partir de réformes sérieuses et efficaces qu'on bâtit les bases une économie moderne. Cela passe par certains fondamentaux qui doivent toucher nécessairement la qualité de l’administration, une maîtrise des sources de recettes de l’Etat, une justice totalement réformée et forte, la rigueur et la discipline au travail qui ne doivent laisser de place ni à la propagande, ni à du folklore. Mais aujourd’hui, on note plus de folklore que de sérieux. Et là où les inquiétudes sont grandes, c’est le folklore dans la lutte contre la corruption et la légèreté dans la conduite de certains audits.

Certains comportements doivent laisser perplexe et certaines rumeurs doivent être clarifiées pour que la lutte contre la corruption ne soit pas une pure distraction et une occasion de règlement de compte échappant à tout contrôle de la justice, des règles et procédures en vigueur.

Yayi Boni donne pourtant l'impression d'une grande détermination à lutter contre la corruption, détermination qu'il a traduite dans sa marche du 16 juillet dernier...

Le Chef de l'Etat veut prendre le même chemin que Gandhi qui dans l'Histoire est une personne qui a marché, qui a fait une marche noble. Mais la marche du Chef de l'Etat n'est pas noble. Il a marché avec des gens qui sont désavoués chaque jour pour corruption. C'est pour la plupart des corrompus qui ont marché avec à leur tête le Chef de l'Etat. Je veux être sûr que ce ne sont pas des corrompus qui ont marché avec à leur tête le chef de l'Etat. Je veux être rassuré. Parce que cette manière de faire n'est pas bonne.

Quelle est la philosophie qui sous-tend normalement une marche ?

On marche généralement lorsqu’'on n'a pas les moyens pour corriger quelque chose. Gandhi a marché parce qu'il voulait l'indépendance de l'Inde. Et il était propre, il n'était pas corrompu. Il n'avait pas des accointances avec des milieux suspects. Il n'était pas non plus avec des suspects. Les syndicalistes marchent généralement pour revendiquer. Le peuple marche pour revendiquer. Or le Chef de l'Etat a déjà le pouvoir suprême et il marche en ayant à ses côtés des corrompus. Il n'a plus besoin de marcher pour lutter contre la corruption. Soit il fait du folklore, soit il a été mal conseillé et il fait de la dissimulation. J'ai été formé et averti contre le marketing et la publicité. J'ai une formation qui me dit que tout ce qui est publicitaire n'est pas la vérité. Et le plus souvent ceux qui font de la publicité ne font rien.

C'est quand même une marche pour la vertu...

C'est une marche verte, mais d'abord elle n'est pas verte. Elle est souillée, c'est une marche noire parce qu'elle est animée par des corrompus ou des gens sur qui pèsent des soupçons de corruption.

Le Chef de l'Etat ne peut pas lutter contre la corruption. Sa marche est une distraction contre la corruption. Si on devait conseiller le Chef de l'Etat, c'est à lui de rester au Palais, et un ministre dont le département est proche de la moralisation de la vie publique devrait déclencher l'opération. Les gens marchent et le Chef de l'Etat réceptionne la marche. Il est alors au-dessus de la mêlée et donne les orientations en tant que père de la nation.

Et pourtant le gouvernement procède à l'assainissement en limogeant des fonctionnaires impliqués dans des actes de corruption.

On ne lutte pas contre la corruption comme sur un ring de catch ou sur un ring de boxe où on fait de la violence à l'état pur, où on fait de la grimace et le One man show. Puisque la corruption est un système qui a pris du temps pour s'installer. Pour lutter contre ce système il faut prendre appui sur la justice. Un pays démocratique qui veut lutter contre la corruption doit avoir pour premier réflexe une réforme de l'appareil judiciaire. Car un pays où les juges sont matériellement ou moralement faibles, un gouvernement qui rend chaque jour davantage plus faibles les juges et plus faible l'appareil judiciaire, ne lutte pas contre la corruption. Tel que le système est, c'est comme si on voulait terroriser tous les fonctionnaires. Il suffit de continuer dans ce système et vous aurez du mal à démêler les règlements de compte des vrais actes de corruption. Nous sommes dans un système qu'on a vu au début de la Révolution. On était déjà grand et on a vu. Tout cela a mené où ? En résumé, je vais vous dire que la lutte contre la corruption ne peut se faire que lorsqu'il y a une réforme véritable de l'appareil judiciaire, lorsque nous avons des juges indépendants et forts, lorsqu'ils sont moralement et matériellement forts et lorsque l'exécutif fait le choix de laisser la justice indépendante et libre. En ce moment nous aurons des lueurs pour lutter contre la corruption.

Vous semblez dire que le Chef de l'Etat fait une gestion de terreur.

C'est le constat que je fais malheureusement. Et c'est l'une des facettes les plus décevantes du changement tel que conduit par le Chef de l'Etat. Je note trois types opérationnels différents. Premièrement, lorsque le Chef de l'Etat parle de l'affirmation de l'autorité de l'Etat, deuxièmement lorsque sa garde rapprochée est directement impliquée dans des blessures et autres pertes de vies humaines des citoyens dans des conditions effroyables. Troisièmement, lorsque lui-même inflige des sanctions précipitées, rapides, presque expéditives. Par exemple, le Chef de l'Etat est allé au Palais des Congrès où il devait présenter un discours et il y a eu coupure de courant. Sur le coup, sans aucune enquête, dans la même journée, il a limogé quatre personnes et a pris le soin de laisser ceux qu'il fallait sanctionner : les services de renseignement. Ce sont les services de renseignement qui n'ont pas fait leur travail. Si ces services avaient bien fait leur travail, ils auraient procédé à l'inspection des lieux, contrôlé les choses, et pris la précaution d'avoir des groupes mobiles pour pallier instantanément à toute coupure d'électricité. Ces cadres suspendus se retrouvent dans la terreur, la psychose. Et cette terreur se répand partout dans l'administration. Je pense que le Chef de l'Etat fait une gestion de terreur.

Depuis l'année dernière, Boni Yayi semble avoir fait de l'octroi de micro crédits un socle de son programme de lutte contre la pauvreté. Qu'en pensez-vous ?

Les microcrédits n'ont jamais fait sortir qui que ce soit de la pauvreté. C'est une expérience qui ne sortira pas la majorité des Béninois de la pauvreté. Car le concept de micro crédit sans être accompagné, soutenu par une opérationnalisation du concept de microprojet ne peut faire qu'accroître la situation de dépendance des pauvres et des plus vulnérables. Et cette dépendance est pernicieuse pour le développement dans la mesure où la politique de micro crédit telle que pratiquée actuellement laisse beaucoup plus de places au clientélisme politique. Je crains que l'argent du pays ne soit utilisé par un seul homme pour préparer sa campagne pour 2011.

On note cependant une véritable débauche d'énergie sur le plan diplomatique.

L'intérêt du Bénin ne se situe pas dans combien de fois le Président Boni Yayi a serré la main aux grands de ce monde. Je me réfère un peu au discours du Président Sarkozy devant les jeunes sénégalais à l'université Cheikh Anta Diop. Nous devons prendre nos responsabilités et ne jamais oublier que seul le travail, la discipline et la rigueur peuvent faire le Bénin émergent. Nous devons aussi rompre avec des sorties diplomatiques improvisées ou ratées. Il n'y a pas de diplomatie qui puisse servir le Bénin si nous ne savons pas ce que nous allons donner aux autres. Aujourd'hui qu'est-ce que notre pays donne aux autres quand notre président va à l'étranger ? C'est là que nous pouvons savoir si notre diplomatie est dans l'errance parce que ressemblant beaucoup plus à une diplomatie touristique et beaucoup moins à une diplomatie qui peut servir le développement.

- Etes-vous en définitive de l'opposition ou de la mouvance présidentielle ?

Je suis contre le changement tel que cela se fait en ce moment. Quel que soit ce que le Chef de l'Etat dit, il nous amènera au gouffre. Le Bénin ne sera pas émergent sous lui. Lui-même sait qu'il est en train de faire des slogans et qu'à l'heure où nous parlons, il ne fait rien qui puisse préparer les bases d'une émergence. Prenons l'exemple du Singapour que le Chef de l'Etat cite souvent, c'est depuis 1972 que les premières réformes qui ont abouti au Singapour d'aujourd'hui ont commencé. J'ai entendu le Chef de l'Etat dans le discours qu'il a présenté devant la Commission du MAEP, dire que nous sommes déjà dans la pré-émergence. C'est faux. En 1990, la croissance était en dessous de 2% et malgré la dévaluation on a atteint un pic de 6% avant le départ du président Soglo. L'erreur en ce moment c'était l'incapacité à maîtriser l'inflation et le discours politique n'était pas axé sur la maîtrise politique du social. Mais juste après, il y a eu un délabrement total. La croissance, le produit national brut et l'inflation ainsi que le ratio de la masse salariale n'étaient pas maîtrisés. L'homme qui est venu et qui a fait un travail extraordinaire entre 1998 et 2002, c'est Bio Tchané. C'est lui qui a fait que le Bénin soit éligible au programme IPPTE (Initiative en faveur des Pays pauvres très endettés). En 2002, nous étions à 6%, l'inflation était autour de 3,9, la maîtrise de la masse salariale environ 4 à 5% du PNB. C'était le moment le plus favorable, alors qu'on n'était même pas dans la pré-émergence. Or aujourd'hui nous avons une croissance qui oscille autour de 3% et qui ne dépassera pas 4,5% selon les renseignements que nous avons eus tout récemment. Et il y a de sérieux problèmes au niveau des revendications salariales et des réformes à faire. Le changement est dans une phase de gaspillage des ressources du pays.

Vous êtes très sévère...

Lorsqu'un gouvernement gère en regardant les élections, il gère mal. C'est ce qui fait qu'il mord dans tout : gratuité de la santé, de l'enseignement...C'est ce qui fait que le ministre Ganiou Soglo a manqué totalement de scrupule en déclenchant la campagne électorale de 2011. La Cour Constitutionnelle devrait rappeler ce ministre à l'ordre pour lui dire que la campagne n'a pas encore commencé puisqu'au terme des lois de la République, nul ne peut faire campagne en dehors des périodes de campagne électorale. Dire aux jeunes de voter pour Yayi Boni en 2011 en utilisant l'argent de l'Etat, en leur donnant des ballons, c'est de l'achat de conscience. C'est grave. Nous devons tout faire pour chasser ce système de précipitation et d'immaturité en 2011. Puisqu'un ministre dit qu'il faut le maintenir en 2011, je dis qu'il faut chasser Yayi Boni du pouvoir en 2011 s'il continue tel qu'il est en train de faire.

Honorable, à la lumière des débats à l'Assemblée, sentez-vous que l'actuelle législature est proche de la population afin de parer au désastre que vous semblez prédire ?

D'abord le rôle d'un parlement n'est pas d'être la cinquième colonne d'un gouvernement. Je pense que le rôle essentiel du Parlement est d'être le représentant du peuple. Cela pose la question même de ce qu'est le politique dans la conduite d'une nation. Dans notre système démocratique, nous avons une constitution qui a consacré le régime présidentiel, et l'exécutif est la structure de l'Etat qui agit. Le Parlement est la structure de l'Etat qui contrôle, qui accepte ou qui refuse. Donc, si nous avons un Parlement nous devons souhaiter que ce Parlement accepte ou refuse, c'est-à-dire qu'il apprécie conformément à la volonté du peuple.

Et maintenant que se passe-t-il au Parlement béninois selon vous ?

Si nous voyons dans quelle condition la structure dirigeante du parlement a été mise en place, nous pouvons avoir des réserves sur la capacité même de certains acteurs majoritaires au Parlement à aller dans le sens de ce que souhaite le peuple. C'est pour cela que je dis que le rôle d'un Parlement n'est pas d'être dans la colonne supplétive du gouvernement. Cela doit être une colonne qui pousse dans le sens de la vérité, de la critique constructive, qui amène à plus de développement à plus de clarté dans l'action. -Je pense que ce Parlement, au regard des conditions politiques de mise en place de sa majorité peut avoir des difficultés à jouer ce rôle. Mais il faut être fier, il faut être heureux que dans ce parlement, il existe des pôles sur lesquels nous pouvons avoir confiance pour atteindre cet idéal. Il y a donc un ferment qui est là et sur lequel on peut compter pour corriger le tir.

Lorsqu'un Président de l'Assemblée nationale, dans la conduite d'un débat, passe outre une question préjudicielle, et fait voter la loi en s'appuyant sur la majorité mécanique, ce n'est pas bon. Dans le cas par exemple de la loi sur le service militaire, on a vu la nature et les limites du président Nago Mathurin ainsi que les limites de la majorité parlementaire qui est là. A la question préjudicielle brillamment posée par Me Houngbédji, il ne devait pas bouger, il devait reculer. Mais il a foncé tête baissée comme dans un cirque de tauromachie. Lorsque le Président de l'Assemblée dit qu'ils ont voté seize lois dont douze autorisations de ratification, je dis que le dynamisme législatif n'est pas dans le vote expéditif des lois d'autorisation de ratification. Mais plutôt dans sa capacité à faire preuve d'initiative et d'adoption de lois qui poussent vers plus de bien-être social. Le Parlement ne peut pas être qu'un Parlement d'autorisation de ratification.

Le Chef de l'Etat a demandé par lettre au Président de l'Assemblée de faire mettre deux de ses collègues à la disposition de l'IGE et de l'IGF. Qu'en dites-vous ?

Le changement est dans une phase de gaspillage des ressources du pays... C'est du copinage, c'est des négociations. Le Président de l'Assemblée pense que le Chef de l'Etat demande aux députés d'accepter d'aller se faire écouter par les structures de contrôle de l'Etat, l'IGF et l'IGE. Comment peut-on négocier pour amener ces députés ? Quelles en sont les clauses ?

Pensez-vous que Boni Yayi pouvait faire autre chose ?

Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Lorsque vous entrez dans un couvent, il ne faut pas en sortir pour dénoncer ce qui s'y passe. Le Chef de l'Etat ne peut pas dire qu'il ne connaissait pas Célestine Adjanohoun, ni da Matha. Avant d'être Président de la République, il a été Président d'une grande institution bancaire. En ce moment-là, il y a eu des contrats entre l'Etat béninois et la BOAD sur par exemple les groupes dits de Takoradi. Donc il connaît parfaitement les Béninois. D'autant plus qu'il a révoqué Adjanohoun de la tête de la SBEE. Pour quelles raisons ? Et pourquoi l'ayant enlevée, il cautionne son maintien sur une liste parrainée par lui-même ? Est-ce qu'il ne paraît pas insolite et extraordinaire de voir la DG limogée, remplacée par son adjoint, sur la même liste que ce successeur, liste qui est celle du Chef de l'Etat. Et après, il dit qu'ils sont soupçonnés de corruption. Cela pose un problème. Est-ce que le Chef de l'Etat est la personne la mieux indiquée pour parler de ces personnes ? Cela n'ira nulle part. C'est du pipeau.

Comment vous préparez-vous pour les municipales ?

Nous irons aux municipales et aux communales. Mon parti sera présent. Mais la question de ma candidature personnelle sera discutée plus tard. J'apprends que les prochaines élections auront lieu en janvier. Pourquoi ? Normalement c'est en Décembre qu'on devrait avoir les élections. La loi actuelle est encore là. Si nous avons fait les autres élections les 15 et 29 Décembre et qu'on programme les prochaines élections en Janvier, nous constatons qu'on devrait faire ces élections en Décembre. En ne le faisant pas, est-ce qu'il n'y a pas des risques sur la suite. Une démocratie n'est mesurée que par l'organisation régulière et à bonne date des élections.

Mais le Chef de l'Etat est proche de son peuple. Il mange avec les Zémidjans, rentre dans les eaux d'inondation pour compatir à la douleur des sinistrés...

C'est du déjà vu. Je suis contre l'humilité hypocrite. Puisque c'est de cela qu'il s'agit. Je suis rentré dans l'eau avec le président Soglo ici au moment où Dassigli était Préfet. Boni Yayi était à la BOAD et a vu cela puisqu'il rentrait tous les week-ends. Est-ce que c'est lui qui doit nécessairement rentrer dans l'eau ? Est-ce qu'il doit nécessairement pousser les motoculteurs ? C'est de la publicité, du marketing. C'est de l'illusion. Je suis contre un Chef d'Etat qui dit qu'il est pressé que tout change mais qui fait du cafouillage politique sur plus de la moitié de ses actions. Je suis contre un Chef d'Etat dont les conseillers insultent les hommes politiques.

Votre mot de fin

Le changement est naturel, tout change. Comment changer ? C'est le problème sur lequel je ne suis pas d'accord avec le Chef de l'Etat et son entourage. Dans le dossier de la lutte contre la corruption, je pense qu'il y a plus de corrompus cachés que de dénoncés. S'il faut conduire à terme le changement, il faut plus de retenue, plus de sérénité dans la gestion des dossiers, surtout les dossiers économiques.

Réalisé par L'événement Précis, Le Béninois Libéré, Le Matin, Fraternité

lundi 27 août 2007

Yayi : un vrai despote ?

La Cour constitutionnelle du Bénin désavoue Yayi Boni sur la nomination des DG de l’ORTB et de l’ABP
APA-Cotonou (Bénin) La Cour constitutionnelle béninoise vient de déclarer contraire aux dispositions de la loi fondamentale du 11 décembre 1990 du pays, les nominations de Julien Akpaki au poste de directeur général de l’Office de radio diffusion et télévision du Bénin (ORTB), et de Raymond Yaovi Hounkponou, à la direction générale de l’Agence Bénin-Presse (ABP), a appris APA vendredi, de source officielle à Cotonou.
Par requête en date du 5 janvier 2007, plusieurs citoyens béninois avaient formulé des recours en inconstitutionnalité des nominations des directeurs généraux de l’ORTB et de l’ABP, survenues le 3 janvier par le chef de l’Etat béninois, Yayi Boni.
«En nommant ces deux directeurs généraux de l’ORTB et de l’ABP, par une décision prise en conseil des ministres, le chef de l’Etat Yayi Boni, a violé l’article 6 alinéa 3 de la loi organique sur la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC)", indique la plus haute juridiction du pays.
Selon les juge de la Cour, l’instance de régulation des médias « propose à la nomination par le chef de l’Etat en conseil des ministres , les directeurs des organes de presse publique ».
Ils précisent que la HAAC n’a jamais proposé à la nomination ces deux responsables d’organes.
Dans sa décision publiée vendredi à Cotonou, la Cour constitutionnelle estime qu’en «agissant comme il l’a fait , le président béninois a dénié à la HAAC son pouvoir constitutionnel de sélection et de proposition des candidats aux divers postes dans les organes de presse publique et a par conséquent, violé la loi fondamentale du pays ».
MT/mn/APA 24-08-2007

mercredi 22 août 2007

Yayi et les députés FCBE veulent étouffer la démocratie béninoise!

Les nouvelles ne sont pas bonnes. La cité bruit d'informations inquiétantes. Et il y a lieu de craindre que les bruits qui courent aujourd'hui ne s'imposent brutalement à nous comme les tristes réalités de demain. Qui a donc vraiment intérêt à mettre hors jeu trois catégories d'acteurs majeurs dont le rôle et la place nous paraissent non négociables dans une démocratie en construction comme la nôtre ?


Des prochaines élections municipales et communales, on formerait le dessein d'exclure les candidats indépendants. Les partis politiques voudraient aller à l'assaut de la gouvernance locale, en faire leur chasse gardée et s'imposer comme le passage obligé pour toutes initiatives touchant à la démocratie à la base, c'est-à-dire à la vie démocratique dans nos villes, dans nos arrondissements et dans nos quartiers.

Des prochaines élections municipales et communales, on se préparerait à réduire drastiquement la participation des femmes aux responsabilités locales, notamment dans nos zones rurales. Dès lors que c'est le  niveau BEPC qu'on voudrait exiger de tout candidat se présentant aux suffrages des populations, ce sont les femmes des zones rurales de notre pays qui seraient pénalisées au premier chef. Dans cette perspective, de beaucoup de femmes qui voudraient bien être appelées au service de leur localité, il y en aurait peu pour répondre à l'appel.

De l'organisation de toutes les élections sur le territoire de la République,  quelles qu'elles soient - présidentielle, législatives, communales et municipales - on s'apprêterait à expulser la société civile, à en biffer la représentation au niveau de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Cette importante structure délestée de la présence de l'avant-garde organisée des populations qu'est la société civile, tournerait alors au rythme que voudraient bien lui imposer les politiciens de tout poil, achevant de la politiser au grand dam de la démocratie et des démocrates de notre pays.

Voilà les nouvelles. Voilà ce qui se chuchote dans les  coulisses. C'est grave et cela nous paraît gros de tous les dangers. C'est préoccupant et cela nous paraît gros de toutes les menaces. S'il se confirmait que la fumée qui plane actuellement au-dessus de nos têtes est le signe avant coureur d'un feu qui couverait sous les cendres, autant se préparer, dès aujourd'hui même, à faire face à un incendie dont on ne saurait encore prévoir ni l'ampleur ni les conséquences.

Les candidats indépendants, les femmes, les membres de la société civile, voilà les trois groupes de pestiférés qu'on tenterait de faire déguerpir de la scène nationale, habilement  poussés vers la sortie du jeu démocratique, subrepticement éloignés des centres névralgiques et décisionnels où se façonne l'avenir de la nation. Oui, qu'on ne s'y trompe pas : il y a anguille sous roche.

Les candidats indépendants, ce sont toutes ces bonnes volontés qui, sans se reconnaître nécessairement dans un parti politique, ne ressentent pas moins l'impérieuse nécessité d'affirmer leur engagement citoyen, en se mettant  au service de leur localité, au service de leurs quartiers. Tant il est vrai qu'on ne peut prétendre aimer le Bénin et montrer un sens civique et patriotique sans égal et à toute épreuve, si l'on n'a pas donné des gages, au nom de la proximité, qu'on tient à la qualité de son cadre de vie, à la qualité de son environnement immédiat.

En cherchant, au niveau local, à délier les citoyens indépendants de toutes responsabilités, ce sont des millions de jeunes que l'on se préparerait à priver d'un terrain d'entraînement, d'échauffement, de préparation avant qu'ils n'entendent les appels du large pour de plus larges et futures responsabilités. Ce sont également des personnes du troisième âge, encore dans la force de s'investir dans leur localité et d'y investir leur expérience, qu'on marginalise, arbitrairement emmurés dans les cachots de l'inessentiel et l'inutilité, prématurément arrachés à la communauté des vivants.

Il y a ensuite les femmes. Elles n'ont pas encore fini de s'assurer une représentation honorable dans différentes instances nationales et voilà qu'on voudrait les effacer des responsabilités à la base. Elles se battent depuis si longtemps pour plus de liberté, pour plus d'égalité, pour plus de dignité dans une société malheureusement façonnée par les hommes et pour les hommes. C'est en plein vol qu'on voudrait les foudroyer, briser leur élan, réduire à néant leurs efforts, anéantir leurs espérances.

Enfin, la société civile, le pendant sans lequel tout se politiserait inévitablement. Entendons-nous bien, la société civile n'est pas apolitique. Et pour qu'il n'y ait aucun doute là-dessus, disons que la société civile est fondamentalement politique, en ce qu'elle se consacre et se dévoue à la cause de la construction nationale. Mais son engagement social est non partisan. Ce qui veut dire en clair que contrairement aux partis politiques,  la société civile ne nourrit point l'ambition de conquérir le pouvoir d'Etat ou de le conserver. Et c'est justement parce que la société civile, quand elle ne triche ni ne ruse avec son idéal, sait toujours se tenir à une distance respectable des intrigues, des combinaisons et autres calculs autour du pouvoir qu'elle a sa place dans une structure comme la CENA chargée d'organiser des élections propres, dans une démocratie apaisée. Une toute autre opinion sur le sujet aura le goût amer d'un gros et vilain mensonge que les Malgaches comparent au sable : doux quand on s'y couche, mais dur quand on se lève.

Jérôme Carlos
La chronique du jour du 22 août 2007


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Les incohérences du Yayisme dans l'éducation nationale!

Bonjour Chers amis ,
Au lieu de se pencher sérieusement sur les vrais problèmes de l'Université béninoise , Yayi propose un service militaire.Il passe de coq à l'âne ; il se cherche en un mot !
Quelle est la politique de recrutement des professeurs d'Université?
Quelle est la part réservée à ce poste dans  le budget 2007-2008?
Quelle est la vision globale du gouvernement de Yayi sur l'université béninoise.
Que deviennent les resultats du forum sur l'éducation?
Voilà autant de questions concrètes que se posent les acteurs du "Vrai Changement ".
 
La rédaction du CVA vous invite à lire l'article ci-dessous. 
 
 
Pénurie d'enseignants dans les universités du Bénin : Plus de 100 jeunes docteurs es sciences en chômage

Formés à grands frais par l'Etat béninois, plus d'une centaine de jeunes docteurs es sciences peinent à exercer leur discipline. Alors qu'il y a pénurie d'enseignants dans les universités du pays.

Dans un environnement éducatif sous-régional de plus en plus exigeant, marqué par la mise en application dès l'année prochaine du système Licence-Master-Doctorat (Lmd), la Corporation des Jeunes Docteurs es Sciences du Bénin (Cojedesb) jette les bases d'une gestion efficiente de l'enseignement supérieur dans notre pays. « Avant le démarrage du système LMD, les autorités doivent s'assurer de certains pré-requis qui sont, entre autres, des laboratoires bien équipés, un personnel qualifié et la valorisation du métier de l'enseignant », a déclaré le Dr Ahanhanzo Glèlè Corneille, actuel président du Cojedesb. Il a également souligné que pour une formation de qualité, il faut un ratio de un enseignant pour 50 étudiants dans le cadre des travaux dirigés au sein des facultés et écoles de nos universités et un enseignant pour 25 étudiants , s'agissant des travaux pratiques. Des données qui montrent bien que nos deux universités ne sont pas en mesure de relever ces nouveaux défis, compte tenu de l'insuffisance des cadres enseignants. Dans chaque classe de première année des filières de la Faculté des sciences et techniques (Fast), plus de 2 000 étudiants inscrits pour le compte de l'année académique 2006- 2007 n'ont pu effectuer les travaux pratiques. Comme solution, la Cojedesb propose le recrutement de jeunes professeurs assistants pour pallier les insuffisances constatées et le vieillissement du corps enseignant marqué cette année par quatre décès. Docteur Ahanhanzo Glèlè Corneille, se basant sur le fait qu'un professeur assistant coûterait au budget national moins de 1 500 000 CFA par an , affirme qu'en recrutant une cinquantaine d'enseignants, l'Etat béninois dépenserait 100 millions de francs CFA au lieu des 200 millions F CFA engagés pour couvrir les frais des enseignants vacataires. La Cojedesb salue la volonté du gouvernement du président Boni Yayi de renforcer le système éducatif du Bénin et rappelle au ministre de l'enseignement supérieur et de le recherche scientifique qu'il existe dans ses rangs des compétences, toutes spécialités confondues, non encore recrutées et qui sont prêtes à mettre leurs connaissances au service des écoles et facultés de nos deux universités. Elle remercie les différents acteurs des deux équipes rectorales pour avoir abordé ce point dans leurs programmes pendant la période électorale.


Raoul GANDAHO
21 Août 2007



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mardi 21 août 2007

Le Changement n'est pas un mot mais un comportement

Chers amis ,
La caratéristisque du gouvernement de Yayi , c'est le surplace et les effets d'annonces .Les illustrations sont multiples et multiformes.Pour en prendre une seule illustration : la lutte contre l'absentéïsme dans l'adninistration.
Des solutions techniques existent et sont désormais abordables comme en témoigne l'interview du journal le matinal du 14/04/2007.
 15 mois après la parution de  cet article CVA a reçu son initiateur  à Paris et se propose de partager le contenu (ci-joint)  à tous ses lecteurs.
Questions:
 Que s'est t-il passé depuis 15 mois au Ministère des NTIC?
 Quelles sont les grands chantiers de ce Ministère mis à part les GSM?
Quel Bénin Emergent fait-on sans les TIC?
 
 
interview de Euloge Bodjrênou : « Une banque de sécurité s'impose désormais au Bénin »

07:41 14/04/2006 Pour garantir la sécurité totale des personnes et des biens actuellement, la création d'une banque nationale de sécurité s'impose. Euloge Bodjrênou, spécialiste dans la Biométrie-Communication-Gestion du temps-Gestion des files d'attente-Contrôle d'accès et la prévention en incendie, initiateur du projet, donne quelques précisions sur le sujet.

La banque nationale de sécurité, qu'est-ce que cela veut dire ?

En bref, c'est la création d'une banque nationale de consignation des empreintes digitales. Il s'agit en réalité de la gestion des identités avec certitude.

Comment cela est-il possible ?

La technologie s'appelle la biométrie. Elle est une technique d'identification d'une personne au moyen de sa morphologie (œil, empreinte digitale, voix, visage) ou de son comportement (signature, façon d'écrire ....)

Et pourquoi parlez-vous alors de banque nationale ?

Il est grand temps que tous les Béninois aient un numéro national et que son identification soit identique dans toute l'administration. A chaque numéro sera associé une empreinte digitale. La configuration sera un peu comme celle-ci : Nom-Prénoms-Immatriculation-Empreinte digitale. Toutes les données seront consignées dans une base de données exploitable par toute l'administration.

Vous voulez dire que la carte d'identité et le passeport ne suffisent plus pour identifier quelqu'un ?

Absolument, puisqu'il faut que vous les ayez sur vous avant qu'on ne vous identifie. Plus important est que vous n'êtes pas sans savoir que certains arrivent facilement à falsifier les cartes d'identité et les passeports. La banque nationale règle tous ces problèmes d'un coup.

Pouvez-vous nous parler du fonctionnement du système ?

Grâce à une caméra très performante de haute définition, l'appareil effectue des mesures minutieuses en tenant compte de certains paramètres comme la longueur, la largeur, l'épaisseur et la surface palmaire. Le lecteur compare l'image pré-enregistrée avec la main de l'utilisateur. La lecture est très rapide. Le temps de lecture est inférieur à une seconde. L'afficheur du lecteur indique un indice de différence s'il est correct, l'appareil procède alors à l'authentification.

Ne pensez-vous pas prendre la vedette à l'actuelle méthode d'établissement des pièces d'identité ?

Il est vrai que la lumière éclaire l'ombre et la vérité, le mystère. Il faut admettre que les choses évoluent et qu'il faut se mettre au pas. Je ne viens pas perturber l'ordre mais juste pour compléter et renforcer ce qui se fait déjà. Nous travaillerons la main dans la main avec une notion de commutativité réelle.

Que cache l'idée de consignation des empreintes dans une banque ?

Je trouve la question hypocrite ! Rassurez-vous que l'idée de consignation des empreintes va simplement aider toute l'administration à authentifier les identités. C'est un travail de base pour le recensement. Elle mettra fin à la fraude massive sur l'établissement des actes de naissance. L'usurpation sera absente puisque désormais en plus de la photo, l'empreinte peut certifier. Elle mettra également fin aux magouilles électorales.

La méthode ne porte-t- elle pas atteinte à la liberté individuelle ?

Il est vrai qu'on ne peut pas nager sans se mouiller. Cependant la technologie utilisée protège le droit des citoyens. Elle ne gardera pas une photo de l'empreinte, mais l'a transformera par un algorithme complexe en une suite de chiffres mémorisés en lieu et place de cette dernière.

En quoi, votre projet est utile à un pays pauvre comme le nôtre ?

Cette technologie va permettre de renforcer la sécurité des citoyens par rapport aux systèmes traditionnels. Chaque citoyen devient unique et facilement identifiable depuis les quatre coins du monde. Enfin elle va aider tous les acteurs de contrôle à faire un travail plus efficace. Tout dépend de l'appréciation de chacun. Plus jamais, l'on ne parlera de vol, d'oubli, de prêt ou de perte comme auparavant avec les systèmes classiques (badge, code.....). Nous sommes sûrs et certains que la personne qui s'identifie est bien celle prétendue être. Le système permet une identification absolue. Vous garderez la même empreinte toute votre vie. Votre main devient la clef la plus sûre. Avec cette nouvelle technologie, on ne contrôle pas ce que l'on possède ou ce que l'on sait mais ce que l'on est.

Quels sont les inconvénients ?

Dès qu'on parle d'empreintes digitales, une image policière survient immédiatement dans nos têtes. Nous avons besoin de coopérer et de sensibiliser les utilisateurs, car une main mal posée affichera des données erronées.

En quoi cette technologie peut participer au changement prôné par le Président de la République ?

Nous pouvons proposer l'installation de lecteurs d'empreintes digitales dans les sociétés pour assurer : le contrôle des heures d'arrivée et de départ des salariés, le contrôle des accès sur les sites stratégiques pour empêcher la fréquentation abusive, la gestion des clefs de bureaux, magasins, voitures par la pose des serrures biométriques pour éviter la perte et la duplication. Les opérateurs Gsm peuvent adopter le système pour s'assurer de l'identité du client en cas de perte de la puce au lieu de demander un certificat de perte. Ils peuvent l'utiliser aussi pour éviter la délivrance abusive des factures détaillées. Le trésor public et la caisse de sécurité sociale peuvent par ce biais collaborer avec le Group Becy pour récupérer le manque à gagner engendré par les fraudeurs à tous les niveaux.

Comment avez-vous eu l'idée du projet ?

La déception fait réfléchir et aide à mieux grandir. J'ai toujours eu un penchant pour le développement de mon pays. Il faut simplement préciser que la sécurisation avec la nouvelle technologie parait presque inévitable de nos jours. « Il faut prendre une longueur d'onde sur les autres ». Je ne prétends pas avoir trouvé une solution irréprochable pour lutter efficacement contre les fraudes. Je promets de réfléchir et de proposer au fur et à mesure des solutions qui cheminent avec la nouvelle technologie. Je suis ouvert à toute proposition.

Propos recueillis par Le Matinal




YAOVI EULOGE BODJRENOU
GROUP BECY
DEPARTEMENT AFRIQUE


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vendredi 17 août 2007

ILS PRODUISENT LES MÊMES DEGÂTS


La Chronique de TLF

……………..avant, quand vous ne vocifériez pas « Ehuzu ! Dandan ! », vous étiez contre révolutionnaire, à détecter, isoler, neutraliser ou à envoyer en exil. Aujourd'hui, si vous n'avez pas pour tout ce qui ressemble à un cauris les yeux de Chimène, vous êtes catalogué opposant au changement, donc pratiquement voué aux flammes de l'enfer. Avant, les dirigeants devaient tresser en permanence des lauriers au super grand camarade de lutte. Aujourd'hui, un ministre qui, dans un discours d'une page, ne dit pas « le Docteur Yayi Boni » une dizaine de fois a sûrement l'impression de commettre un crime de lèse majesté.

Très chers et fidèles lecteurs, j'espère que vous accepterez mes excuses pour vous avoir lâchés pendant quelque temps. Il est vrai que je vous avais expliqué les raisons de mon lâchage, à savoir que l'actualité nationale m'avait plongé dans le doute et dans une telle confusion mentale, qu'il m'était devenu impossible de continuer à faire des analyses avec objectivité ; Or, vous le savez, le sage a dit : « Dans le doute, abstiens-toi. »

Ce doute et cette confusion mentale étaient d'ailleurs les fils conducteurs de mes réflexions du 12 avril qui avaient pour titre : « DANGER ! LE YAYISME EST EN TRAIN DE DEVENIR DU MANICHEISME » La conclusion de ces réflexions était, je cite : « En un an à la tête du pays, Boni Yayi a donné plus de signaux forts, dans le sens du développement national, que n'importe lequel de ses prédécesseurs. Ces signaux souffrent, hélas !, d'une précipitation et d'une absence de méthode incompréhensibles. Et dire cela, ce n'est nullement faire de l'anti-yayisme primaire ou même secondaire ; dire cela, c'est refuser de s'enfermer dans le manichéisme dogmatique de quelques agités qui, certes, se positionnent aujourd'hui avec tapage aux avant-postes du changement, mais n'étaient guère visibles naguère, aux heures chaudes de la descente aux enfers du pays, quand il était question de se battre pour l'avènement dudit changement. » Fin de citation.

Ca, c'était en avril dernier. Depuis, il a coulé beaucoup d'eau sous les ponts béninois. Le manichéisme dogmatique a toujours cours, certes, mais il y a un danger plus grand qui guette le changement, c'est le culte que certains dans son entourage sont en train de faire mousser autour de la personne du chef de l'Etat.

A une certaine époque, en conclusion à l'une de mes analyses sur ce pays formidable qui est le nôtre, j'avais affirmé que quand Kérékou est au pouvoir, les Béninois deviennent bêtes. Je m'étais même permis d'ironiser qu'on pouvait attribuer ce phénomène au principe des vases communicants. Et je me souviens que je m'étais fait quelques ennemis à l'époque. En effet, ceux pour qui le Général était un génie, ne voulurent pas me pardonner d'insinuer que c'est le niveau très bas – donc très peu génial – du contenu de son vase, qui abaissait le niveau des vases de ses compatriotes communicant avec le sien.

Et pourtant, ce furent bien des Béninois qui, au début de la révolution, chantèrent le refrain selon lequel : « Kérékou ! Kérékou ! Baba wênou wé, kpo kankpo djêêê !!! » Ce furent toujours des Béninois qui, après cela, récitèrent pendant longtemps la litanie du « Grand camarade de lutte, Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil Exécutif National, Président du Bureau politique du Comité central du Parti de la Révolution populaire du Bénin, etc. etc… ». Ce furent encore et toujours des Béninois qui, jurant qu'ils pouvaient gérer le pays autrement, sous la direction du Général grand rassembleur et incontournable homme de paix devant l'Eternel, le firent revenir en 96, après la salutaire parenthèse Soglo d'après la Conférence nationale.

Il serait difficile, en faisant le bilan de ces années-là, de dire que ces Béninois-là avaient fait preuve d'une très grande clairvoyance. Je n'avais donc point tort de d'ironiser que quand le Général était aux affaires, mes compatriotes faisaient preuve d'une grande absence de clairvoyance. Absence de clairvoyance qu'en termes clairs, on pouvait qualifier de bêtise.

Mais en vérité, les choses sont plus nuancées. Il est évident que nous, Béninois, n'avons pas la réputation d'être des gens irrémédiablement idiots. C'étaient donc des compatriotes qui nous faisaient passer pour des idiots, ne se privant pas de faire les idiots eux-mêmes. C'étaient nos cadres ; ceux qui entouraient Kérékou en tout cas, et lui faisaient croire sans arrêt qu'il conduisait le pays dans la bonne direction. On voit aujourd'hui où cette « bonne » direction a conduit le pays.

Loin de moi toute idée de vouloir saper le moral à Boni Yayi mais je crois devoir le prévenir, de façon solennelle, que son changement risque – s'il n'y prend garde – de connaître le même sort que la révolution d'octobre 72, ou le « gérer autrement » de mars 96. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, n'est-ce pas ? J'affirme pour ma part qu'au Bénin, ce sont les mêmes cadres qui produisent les mêmes dégâts. Effectivement, ce sont les mêmes qui étaient là, à la révolution ; les mêmes qui avaient aidé le Général à soit disant « gérer autrement » de 96 à 2001, puis à « aller plus loin » de 2001 à 2006 ; ce sont pratiquement les mêmes qui se positionnent encore aujourd'hui aux avant-postes du changement.

Il faut dire qu'il y a quelques jeunes turcs qui ont fait leur entrée dans la troupe. Malgré cela, les méthodes ne semblent guère avoir varié : avant, quand vous ne vocifériez pas « Ehuzu ! Dandan ! », vous étiez contre-révolutionnaire, à détecter, isoler, neutraliser ou à envoyer en exil. Aujourd'hui, si vous n'avez pas pour tout ce qui ressemble à un cauris les yeux de Chimène, vous êtes catalogué opposant au changement, donc pratiquement voué aux flammes de l'enfer. Avant, les dirigeants devaient tresser en permanence des lauriers au super grand camarade de lutte. Aujourd'hui, un ministre qui, dans un discours d'une page, ne dit pas « le Docteur Yayi Boni » une dizaine de fois a sûrement l'impression de commettre un crime de lèse-majesté. Le moindre responsable de l'Administration, qui fait la moindre annonce entrant dans le cadre de ses responsabilités les plus élémentaires, laisse entendre que cette annonce lui a été inspirée par le Docteur. Plus rien de bien ne se fait à présent dans le pays qui n'ait été, semble-t-il, décidé ou initié par le président de la République. Sans compter que, comme aux beaux jours de Kérékou, tout Béninois qui soupçonne un voisin de faire les yeux doux à son épouse, en appelle à l'arbitrage du chef de l'Etat. De même que tout groupe organisé qui revendique la moindre vétille, n'imagine pas qu'il puisse obtenir satisfaction, sans un appel au secours déférent et pathétique adressé à Yayi Boni. On croit rêver.

Est-il nécessaire de préciser que la presse nationale, à quelques exceptions près, participe activement à cet abêtissement tous azimuts ? Tout un chacun a noté en effet, je crois, que certaines chaînes de télévision et certains organes de presse ont résolument rangé toute objectivité et tout professionnalisme au placard, et chantent la gloire et le génie du président avec une ferveur et une constance, je n'ose pas dire, dignes d'éloges. Alors, au vu de tout ceci, ne peut-on pas affirmer que l'histoire semble vouloir se répéter, à savoir qu'avec l'orientation que certains sont en train de donner au changement, les Béninois sont en train de redevenir bêtes ?

Cependant, il faut le dire, par rapport au passé, il y a une différence de taille : avant, le principe des vases communicants faisait que c'était Kérékou – qui manifestement, n'avait jamais eu le souci d'emmener son pays quelque part – c'était Kérékou, dis-je, qui abaissait le niveau. Aujourd'hui, je me risque à dire que ce sont les vases de l'entourage de Boni Yayi – qui, lui, ambitionne manifestement d'emmener son pays quelque part, même s'il semble ne pas encore très bien savoir comment – ce sont les vases communicants de l'entourage de Boni Yayi, dis-je, qui sont en train de rabaisser le niveau dans les autres vases.

Or, Yayi Boni, en dépit de son volontarisme indéniable, rêve en couleurs s'il prend pour argent comptant ce que cet entourage ne cesse de lui répéter, avec le concours actif de certains griots et d'une certaine presse, à savoir qu'il est le plus grand, le plus fort et le plus malin. Je l'ai dit tout à l'heure, les mêmes cadres produisent les mêmes dégâts. Je persiste et signe.

Comme je persiste et signe que l'on doit classer au nombre des dégâts, la précipitation et l'absence de méthode qui ont caractérisé les nombreux signaux forts donnés par le président depuis le début de son mandat. Je me contenterai de citer les plus emblématiques parmi les tout derniers signaux forts : 1 - le prochain lancement du service militaire, 2 - la suspension des réseaux GSM Moov et Areeba et 3 - la décision, à moins d'un mois du jour J, de fêter le 1er août à Abomey. Il est pour moi évident que des cadres et autres conseillers, qui n'ont pour toute occupation ou préoccupation que de chanter au président qu'il est le plus malin, le plus grand et le plus fort, ne peuvent pas avoir le courage de lui signaler que ce projet de service militaire aurait gagné à être élaboré et lancé avec plus de précautions et moins de précipitation. La même précipitation et absence de précautions qui se révèlent aujourd'hui préjudiciables aux milliers d'abonnés des réseaux GSM suspendus et à l'économie nationale ; la même précipitation qui se révèle préjudiciable à l'organisation rationnelle de la fête nationale à Abomey.

Loin de moi, ai-je dit, toute idée de vouloir saper le moral à Boni Yayi, mais son changement risque de connaître le même sort que la révolution d'octobre 72 ou le « gérer autrement » de mars 96, toutes proportions gardées, bien entendu. L'explication, c'est qu'au Bénin, les mêmes cadres sont comme les mêmes causes. Le hic, c'est que les mêmes causes produisent les mêmes effets, alors que les mêmes cadres, eux, produisent les mêmes dégâts.

C'est ce que je crois.

T.L.F.



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mardi 14 août 2007

YAYI Boni un dictateur en gestation ou un démago-populiste ?

Pratiquement inconnu au plan national avant les campagnes présidentielles de 2006, Yayi Boni est très vite devenu le candidat chouchou des Béninois et la coqueluche des médias à la veille d'une élection présidentielle dont l'enjeu était largement économique. La plupart des différents candidats ayant déjà fait la preuve d'une certaine gestion du pays, ils n'avaient pas l'assentiment des Béninois décidés à en découdre avec la vieille garde. Le seul qui sortait du lot et dont le profil et le discours calaient avec leurs fantasmes, était le natif de Tchaourou. Auréolé par son statut d' outsider, le banquier affichait l'image d'un homme généreux, humble, calme, posé et qui par son slogan (ça va changer, ça doit changer) faisait mourir de rêves les Béninois. Après un peu plus d'un an au pouvoir, peut-on conclure que les Béninois se sont trop facilement laissés berner ? Notre Président est-il un petit ange ou au contraire est-il un grand diable ? Exercice difficile et … dangereux dans un pays où tous les médias magnifient le nouvel homme fort.

Après avoir suscité tous les espoirs avant son élection à la Marina, Yayi Boni a par la suite commencé à se montrer sous son vrai visage : celui d'un ennemi des principes de la démocratie et des libertés publiques. Il s'est d'abord lancé dans une lutte opiniâtre contre les corrupteurs et les corrompus de la République, une lutte encouragée et soutenue par tout le monde. Mais par la suite, et comme par enchantement, il s'est furtivement rangé derrière ceux qu'ils combattent en faisant table rase de leurs manèges. Depuis quelques temps, il a arbitrairement bloqué le pays en suspendant les réseaux de téléphones cellulaires et en déclenchant un accrochage manifeste avec les opérateurs GSM. Sentant monter la colère des Béninois, il organise une marche verte contre la corruption. Une première au monde ! Notre Président est-il un génie ? L'idée aussi géniale qu'elle paraît, est profondément farfelue. Le Béninois le moins averti sait que ce n'est pas en battant le macadam qu'on combat la corruption ! Et comme si tout cela ne suffisait, il a ensuite demandé à se faire faire un documentaire publicitaire sur ses actions. Ledit documentaire écrit et commenté par des journalistes-griots de la Yayidésie, a été diffusé à la télévision en marge de la fête du 1er Août pour susciter l'attention des Béninois sur les actions chimériques de leur tout-puissant Président. Il s'agit simplement de manœuvres de diversion de grande envergure mis en place par ce «Docteur» en manque d'inspiration. Les Béninois se rendent compte de jour en jour qu'il existe en réalité deux Yayi Boni : l'un, le tendre, l'honnête, l'altruiste, le compatissant, le sérieux, le travailleur, le rigoureux, l'innovateur, le pieux ; et l'autre, l'intransigeant, l'autoritaire, le coléreux, le rancunier, le violent, le méchant, le sadique, le paranoïaque. Le premier Yayi Boni, le faux, est celui qu'on nous présente tous les jours à la télévision. Le deuxième Yayi Boni, inconnu du grand public est le côté obscur de l'homme. Le nouveau Président béninois largement sommé par son instinct de domination, se fait même conjuguer comme la transcendance et ne digère jamais d'être contredit. Il rejette implacablement toutes les idées qui ne confirment pas sa vision. D'ailleurs, il se croit être un illuminé de la politique et en tant que tel, il présente l'image d'un Président complexe, dur et mégalomane.

Pour un homme du genre, on peut difficilement savoir ce qui domine entre les pulsions positives et les pulsions négatives. Mais on peut dire avec certitude que dans son imaginaire d'autorité, la seule vérité qui vaille est la sienne. Son sens du moi, son ego démesuré, lui a forgé l'image d'un intermédiaire de Dieu et il dirige le pays en suivant fidèlement et intuitivement cet état d'esprit. Depuis quelques temps, la tactique qu'il utilise est celle de la peur et de l'intimidation. Tout récemment, parce que les travaux piétinent sur un chantier routier dans le Nord du pays, le Président s'est adonné à l'un de ses exercices préférés : il s'est égosillé devant les médias en brandissant son petit doigt sur l'ingénieur responsable des travaux en ces termes menaçants : «Vous me connaissez ! Je n'aime pas ça, je n'aime pas ça…» (sic). Ces propos bas et impulsifs sont indignes d'un Président de la République qui prend la hauteur nécessaire et relative à la fonction qu'il occupe. Yayi Boni veut toujours montrer à son entourage et à tout le monde que c'est lui qui tient la vedette au Bénin. Un peu comme le roi Louis XIV qui affirmait à une autre époque : «l'Etat, c'est moi».

Les médias au service du Président

La récente réplique amère de la chaîne de télévision 3A TELESUD (émettant sur le câble et le satellite en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et aux Etats Unis) aux laudateurs du Président béninois a montré à quel point la Yayidésie est plus que jamais déterminée à contrôler tous les médias même à l'échelle internationale. En effet, dans la galaxie Yayi, on accuse ladite chaîne de faire la part belle à un certain Adrien Houngbédji. Statistiques à l'appui, 3A Télésud a balayé du revers de la main les arguments brandis et a démontré le contraire. Il s'agit en fait, d'un excès de zèle de collaborateurs d'un Président dont la politique propagandiste est inlassablement insatiable. Le camouflet subi est à la mesure de l'arrogance provoquée. Mais reconnaissons-le, la presse béninoise, consciemment ou inconsciemment, a travaillé à doter la mortelle personne de Yayi Boni d'une puissance démiurgique. Aujourd'hui, cette presse qui jadis s'enflammait très peu après des décisions politiques, est plutôt devenue échotière, sensationnelle et facilement enthousiaste. Elle se contente de se délecter des ordres et désirs présidentiels qu'elle n'hésite pas à prendre comme volonté divine. La presse béninoise est incontestablement une presse ligotée par la force de l'argent et collée aux basques du superflu et du superfétatoire. Autant dire que sur le terrain de la participation responsable (démocratiquement parlant), elle donne la très mauvaise impression partisane et laisse le sentiment de jouer faux sur les fantasmes et le vrai personnage qu'incarne le Président de la République du Bénin.

Ce que personne n'ose dire, c'est qu'au temps de sa carrière de banquier, celui que la presse béninoise appelle trop pompeusement et trop inutilement «Docteur», a bien flagellé des abus et violations de toutes sortes. On lui a reproché sans discontinuer, des décisions arbitraires et des abus de pouvoir que les médias béninois ont intentionnellement et dangereusement dissimulés aux Béninois. Une fois au pouvoir, sa lecture des institutions, et l'idée même qu'il se fait de la fonction présidentielle qu'il connaissait à peine, ont laissé très peu de place à une logique républicaine. En République, par exemple, un Chef d'Etat ne se croit ni pasteur évangéliste ni investi d'une quelconque mission divine et providentielle. A l'évidence, parce que le suffrage universel est le seul arbitre qui légitime un Chef d'Etat. Mais Yayi Boni facilement devenu un Président de luxe dans ce Bénin meurtri et détruit des années durant par des hommes politiques peu scrupuleux et animés par le gain rapide de l'argent facile, croit tellement à son instinct et à son pouvoir divin. Dans sa volonté et sa détermination apparentes à mieux faire que par le passé, Yayi Boni s'engouffre outrageusement dans le folklore politicien et la politique-spectacle. Mais Yayi Boni est malgré tout, un homme vulnérable comme tout le monde. Un simple mortel qui n'a aucun pouvoir de résistance face aux vicissitudes de la vie. Un homme fragile comme tout le monde et capable de déprimer dans l'adversité. N'a-t-il pas finalement le droit d'avoir des émotions face aux pressions inhérentes à la fonction qu'il occupe ? N'a-t-il pas le droit d'avoir des ressentis ? N'a-t-il pas le droit d'avoir sa sensibilité ? Ou en fait-il simplement trop ? Yayi Boni, ange ou démon ? A vous d'en tirer une morale.


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jeudi 9 août 2007

Décision DCC 07 083:La Cour casse la loi sur le service militaire

Chers amis des médias,

Jugez-vous même .Ce qui suit est une fois encore l'illustration de la volonté affichée de Yayi de ne par respecter les textes de la République et surtout  de ne pas respecter le principe de séparation des pouvoirs .Ces agissements ne sont pas anodins loin de là . Il s'agit de tendances et prédispositions à la dictature et au non respect des règles démocratiques.

Pour revenir aux faits :lors du vote de la loi  portant institution du service militaire d'intérêt national votée par l'Assemblée Nationale en sa session extraordinaire du samedi 14 juillet 2007 , le PRD par la voix de son Président , l'honorable Adrien Houngbédji avait émis des reserves sur la conformité constitutionnelle de ladite loi. Mais les députés de la majorité et leurs alliés n'ont pas tenu compte des remarques . Ils ont purement et simplement voté une loi "chiffon" juste pour satisfaire le Mollah.

Finalement cette loi désormais non conforme à la Constitution du Bénin est aussi réjétée par le  même gouvernement (Manque de méthode ,précipitation , navigation à vue , propagande).

Il ne reste à La Citadelle que d'aller présenter humblement ses excuses à Me Adrien Houngbedji , taxé en son temps de tous les noms d'oiseaux pour avoir faire son boulot de député.

Lisez la suite (en rouge et bleu)

Cet article est dans la rubrique Actualités ( in La Citadelle :  organe de propagande de YAYI)

Recours contre l'institutionnalisation du service militaire :Le Prd veut-il faire mal au gouvernement ou à la jeunesse ?
date de publication: 18-07-2007


Le recours en inconstitutionnalité déposé à 8h 50 mn le lundi 16 juillet 2007 sous le numéro 1786 formulé par le Parti du renouveau démocratique (Prd) à propos de certaines clauses de la loi portant institutionnalisation du service militaire au Bénin votée le vendredi dernier au Palais des gouverneurs à Porto-Novo à l'unanimité n'est que la suite logique des arguments remuants avancés par Me Adrien Houngbedji au cours des discussions sur le sujet au Parlement. En effet, Me Adrien Houngbédji a été le premier à émettre sa crainte par rapport à la recevabilité de la loi relative à l'institutionnalisation du service militaire, introduite à l'Assemblée nationale par le député Karimou Chabi Sika et un certain nombre de députés membres de la majorité parlementaire. Les arguments qui sous-tendent ce recours sont que les propositions de loi dont l'adoption aurait pour conséquence, soit la diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique devraient être déclarées irrecevables par le président de l'Assemblée nationale. Mais cela n'a pas empêché les députés présents à l'hémicycle de voter la loi à l'exception des députés Prd. En déposant un recours en inconstitutionnalité de cette loi, le Parti semble être contre cette initiative que de nombreux jeunes attendent avec beaucoup d'impatience puisque dans la lettre de recours, les députés signataires demandent à la Cour de déclarer contraire aux dispositions de l'article 107 de la Constitution, et de l'article 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemble nationale. Hors de tout calcul politique et en regardant les enjeux en face, un parti politique qui veut l'épanouissement de la jeunesse, des écoles modernes avec des enseignants qualifiés et des centres de santé efficaces pour les populations ne peut agir de la sorte.

Chrispel OGOUBI

 
Décision DCC 07 083:La Cour casse la loi sur le service militaire [9 août 2007]
Les sages de la Cour constitutionnelle ont déclaré contraire à la Constitution, la loi portant institution du service militaire d'intérêt national votée par l'Assemblée nationale. La Haute juridiction a statué sur une requête des députés du Parti du renouveau démocratique (Prd) qui ont sollicité un contrôle de conformité à la Constitution de ladite loi. Lire l'intégralité de la décision. ...

La Cour Constitutionnelle,

Saisie d'une requête du 14 juillet 2007 enregistrée à son Secrétariat le 16 juillet 2007 sous le numéro l786/l04/Rec, par laquelle les Députés du Parti du Renouveau Démocratique « Prd » , Mesdames Yibathou Sanni-Glèlè, Amoudathou Ahlonsou et. Messieurs Adrien Houngbedji, Ismaël Tidjani Serpos ; 'Raphaël Akotegnon, Timothée Gbediga, Kifouli Kakpo, Edmond Zinsou, Augustin Ahouanvoebla et Isidore Gnonlonfoun, sollicitent le contrôle de conformité à la Constitution de la loi portant institution du service militaire d'intérêt national votée par l'Assemblée Nationale en sa session extraordinaire du samedi 14 juillet 2007 ;

VU la Constitution du Il décembre 1990 ;

VU la Loi n° 91-009 du 04 mars 1991 portant loi organique sur la Cour Constitutionnelle modifiée par la Loi du 31 mai 2001 ;

VU le Règlement Intérieur de la Cour Constitutionnelle ;

Ensemble les pièces du dossier ;

Ouï Monsieur Christophe Kougniazonde en son rapport ;

Après en avoir délibéré,

Considérant que les requérants exposent : « La proposition de loi déposée par les Députés Chabi -Sika et autres a été adoptée alors qu'elle n'était accompagnée d'aucune proposition d'augmentation des recettes ou de diminution des charges publiques de l'Etat. » ; qu'ils allèguent : « L'adoption de cette proposition de loi . . . a manifestement pour conséquence une aggravation des charges publiques dans la mesure où ladite proposition de loi prévoit notamment : « Le recensement obligatoire .des assujettis au service militaire d'intérêt national »

« L'inscription des charges du service militaire d'intérêt national au budget général de l'Etat »

« Le versement à chaque appelé, pendant la durée du service militaire d'intérêt national, d'une indemnité mensuelle » ;

« La prise en charge par l'Etat de la totalité des soins de chaque appelé pendant la durée du service militaire d'intérêt national ; « La réparation des préjudices que chaque appelé pourrait subir dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa mission ».

De surcroît, le budget général de l'Etat n'a pas prévu les ressources nécessaires au financement des charges qu'impliquent l'adoption de la proposition de loi incriminée et la mise en œuvre de ses dispositions ; ce que reconnaît d'ailleurs explicitement l'article 15 de ladite proposition de loi qui dispose : « les charges du service militaire d'intérêt national sont inscrites au budget général de l'Etat qui prévoit les crédits nécessaires au fonctionnement et à investissement ».

Or, l'article 107 de la Constitution dispose sans équivoque que « les propositions et amendements déposés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, à moins qu'ils ne soient accompagnés d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économie équivalente ». En appui à l'article 107 de la Constitution, l'article 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale prévoit que « les propositions de lois dont l'adoption aurait pour conséquences, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, sont déclarées irrecevables par le Président de l'Assemblée Nationale si elles ne sont pas accompagnées d'une proposition, d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes, conformément aux dispositions de l'article 107 de la Constitution ». » ; qu'ils poursuivent : « Pour avoir été adoptée sur une proposition de loi irrecevable en ce qu'elle a pour conséquence d'aggraver les charges publiques sans être accompagnée d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes, la proposition de loi votée portant institution du service militaire d'intérêt national adoptée par l'Assemblée Nationale réunie en session extraordinaire le samedi 14 juillet 2007, est par conséquent, manifestement contraire à la constitution... » ; qu'en conséquence, les requérants demandent à la Cour Constitutionnelle de « déclarer contraire aux dispositions de l'article 107 de la Constitution et de l'article 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale, la proposition de loi votée en session extraordinaire le samedi 14 juillet 2007 et portant institution du service militaire d'intérêt national adoptée par l'Assemblée Nationale » ;

Considérant qu'aux termes de l'article 107 de la Constitution : « Les propositions et amendements déposés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, à moins qu'ils ne soient accompagnés d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes » ; que selon l'article 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale : « Les propositions de lois dont l'adoption aurait pour conséquences, soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique, sont déclarées irrecevables par le Président de l'Assemblée Nationale si elles ne sont pas accompagnées d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes, conformément aux dispositions de l'article 107 de la Constitution » ;

Considérant qu'en réponse aux mesures d'instruction de la Haute Juridiction, le Président de l'Assemblée Nationale a transmis à la Cour copie de la correspondance du Ministre chargé des Relations avec les Institutions, 'porte-parole du Gouvernement, enregistrée à l'Assemblée Nationale le 23 juillet 2007 ; que selon ladite correspondance : « A l'occasion de l'examen de la proposition de loi sur le service militaire à la plénière de l'Assemblée Nationale, les Honorables ont relevé que la proposition de loi n'était pas accompagnée des mesures indiquant les sources de financement de cette initiative. Je voudrais à cet égard vous préciser que l'incidence budgétaire de cette mesure au titre de l'exercice 2007 st évaluée par le Gouvernement à un montant de 5,9 milliards de Fcfa prévu pour être imputé aux charges non réparties du budget national. Le Gouvernement l'a inscrit dans le cadre du collectif budgétaire qui sera prochainement soumis à l'appréciation et à l'approbation de l'Assemblée Nationale » ;

Considérant que les articles 12 et 14 de la loi querellée indiquent : « Le financement du service militaire national est assuré principalement par le budget national dépenses relatives au service militaire national sont budget national. Les dépenses relatives au service militaire national sont inscrites au Budget du Ministère chargé de la défense nationale qui prévoit les crédits nécessaires au fonctionnement, à l'investissement et au soutien de ce service » ; « Le service militaire national obéit au principe du bénévolat. Toutefois, pendant la durée de ce service militaire national, chaque appelé a droit à une indemnité mensuelle dont le montant est fixé par décret, et à la prise en charge par l'Etat de la totalité de ses soins de santé. Il a également droit à la réparation des préjudices qu'il aurait subis dans l'exercice de sa mission et conformément aux textes en vigueur » ;

Considérant qu'il ressort de la lecture combinée et croisée de ces dispositions et de la correspondance du Ministre chargé des Relations avec les Institutions, porte-parole du Gouvernement, que l'adoption de la loi sur le service militaire d'intérêt national aura pour conséquence la création ou l'aggravation d'une charge publique ; qu'une telle proposition ne peut donc être recevable que si elle est accompagnée d'une proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes conformément aux articles 107 de la Constitution et 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale. Précités, que cette proposition d'augmentation de recettes ou d'économies équivalentes doit donc émaner des députés qui ont proposé la loi et non du Gouvernement ; qu'en acceptant cette proposition de loi, le Président de l'Assemblée Nationale a méconnu les dispositions des articles 107 de la Constitution et 74.5 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale ; qu'il s'ensuit que l'adoption dans ces conditions de la loi portant institution du service militaire d'intérêt national est contraire à la Constitution ;

DECIDE :

Article 1er. La loi portant institution du service militaire d'intérêt national votée par l'Assemblée Nationale en sa session extraordinaire du Samedi 14 juillet 2007 est contraire à la Constitution. Article 2.- La présente décision sera notifiée à Mesdames Yibathou Sanni-Glèlè, _. Amoudathou Ahlonsou, Messieurs Adrien Houngbèdji, Ismaël Tidjani Serpos, Raphaël Akotegnon, Timothée Gbediga, Kifouli Kakpo, Edmond Zinsou, Augustin Ahouanvoebla et Isidore Gnonlonfoun, au Président de l'Assemblée Nationale, au Président de la République et publiée au Journal Officiel.

Ont siégé à Cotonou, le six août deux mille sept,

Conceptia D. Ouinsou Président

Jacques D. Mayaba Vice- Président

Pancrace Bratrier Membre

Christophe Kougniazonde Membre

Lucien Sebo Membre

Le Rapporteur, Christophe C. Kougniazondé

Le Président, Conceptia D. Ouinsou


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mercredi 8 août 2007

Les députés FCBE: véritables caniches de YAYI?

Que les sourds entendent , et aveugles voient ; l'histoire rétiendra certains comportements qui risquent de plonger la jeune démocratie béninoise dans la dérive, sont dans le  Yayisme .
En effet depuis l'avénement de YAYI Boni au pouvoir , il n' y a une action en direction du parlement de la part du chef de l'Etat qui ne soit entachée d'irrégularité; c'est à croire qu'il n'écoute pas ses conseiller juridiques ou alors il ne veut pas respecter les lois de la République.
Les milieux diplomatiques , la communauté internationale et l'opposition activement animeé par le PRD ont tôt fait d'avoir de réelles inquiètudes  sur la "Méthode YAYI".
Les députés FCBE sont incapables de réflechir d'eux même , ils obéissent aux injonctions du demi-dieu.
 
[lire l'article suivant]
 
Seconde lecture de la loi sur le service patriotique civique et militaire:Les députés rejettent la requête de Yayi Boni [8 août 2007]
Les Députés réunis, en plénière hier mardi 07 août 2007 n'ont pas accédé à la deuxième lecture de la loi sur le service militaire demandée par le Chef de l'Etat. Après les remarques du députés Ismäel Tidjani Serpos par rapport à la régularité de la requête et la conférence des présidents qui a suivi,le président Mathurin Nago a préféré rejeter la requête de Yayi Boni. Récit d'une bataille juridique inédite. ...
 

09Heures 33minutes.Les députés commencent par faire leur entrée par petits groupes au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Un groupe de la liste Force Cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) se retire et évalue les chances du Chef de l'Etat pour que sa demande d'une seconde lecture de la loi sur le service militaire national ait une suite favorable. L'un d'eux farfouille dans le règlement intérieur de l'Assemblée nationale pour chercher des articles qui pourraient aider la majorité présidentielle à faire passer sans anicroche le dossier. 5 minutes plus tard, sirène hurlante, un gyrophare annonce l'arrivée du président Mathurin Nago. Tous les députés qui étaient dans la cour de l'Assemblée nationale se précipitent dans l'hémicycle. Visiblement le quorum est atteint. Mais on attendra jusqu'à 11h 45 minutes avant que M. Mathurin Nago n'ouvre la troisième session extraordinaire de l'année. On apprendra plus tard dans les coulisses qu'il était en concertation serrée avec certains ténors de la mouvance pour étudier avec eux les voies et moyens adéquats pour bien aborder la question devant ses autres collègues dans l'hémicycle.

Plusieurs articles du Règlement Intérieur lui auraient été rédigés rapidement sur le sujet. Et à 11 heures 50 minutes, il ouvre la session. Après les communications d'usage et l'introduction de la question sur la base de certaines dispositions, le député Ismaël Tidjani Serpos ouvre les hostilités. Selon lui, la requête du chef de l'Etat demandant une seconde lecture de la loi sur le service patriotique, civique et militaire ne répond à aucun texte régissant l'Assemblée nationale. Il réclame une suspension de cinq minutes. C'est la consternation générale et sans attendre la réaction de Mathurin Nago, un député Fcbe annonce que c'est encore une question préjudicielle qui venait d'être mise en route. Un autre le renforce dans cette position et affirme que c'est déjà les prémices d'un blocage du dossier. M. Nago accepte la suspension à 12 heures 28 minutes et souhaite qu'elle soit plutôt pour 10 minutes. De petits groupes de députés se forment quelques instants après pour analyser la situation et contrecarrer le député Tidjani Serpos. Pour l'occasion, tout le monde avait sa copie du Règlement Intérieur. Les députés Hélène Aholou Kèkè et Karimou Chabi Sika font le tour des groupes sans avoir gain de cause. Au bureau de Mathurin Nago les présidents de commissions et quelques cadres de l'administration se bousculent. Plus d'une heure après, aucune solution n'est trouvée. Quelqu'un invite à un peu d'humilité et conseille d'appeler le député du Parti du Renouveau Démocratique (Prd) Ismaël Tidjani Serpos. Le président Nago envoie aussitôt son protocole chercher le député Prd qui accepte l'invitation. Rien n'a filtré de ces tractations qui ont duré 18 minutes exactement. Dans les couloirs, on dit que rien n'a bougé. L'honorable Tidjani Serpos aurait été très ferme et aurait montré pendant tout le temps la nécessité de faire respecter les textes de la République à la lettre. Selon des indiscrétions ses interlocuteurs lui auraient demandé de laisser passer la requête du chef de l'Etat qui voulait la modification de l'ordre du jour de la troisième session extraordinaire pour y insérer le projet de loi portant collectif budgétaire de la loi des finances exercice 2007 et la seconde lecture de la loi portant organisation du service militaire d'intérêt national. A la reprise, à 15 heures 20 minutes, le député Prd précise ses intentions, fait lire les articles 57 et 88 de la constitution du 11 décembre 1990 et conclut que la requête du chef de l'Etat est irrecevable.  

Convocation expresse de la conférence des présidents

Face à cette situation difficilement gérable, le président Mathurin Nago fait observer une suspension et convoque la conférence des présidents. La réunion a duré à peine 10 minutes. A sa sortie, tout le monde a l'air fâché. Sans attendre, on sonne pour appeler les députés à la reprise. Mathurin Nago prend acte de la situation, rejette la requête du chef de l'Etat et invite la plénière à se pencher plutôt simplement sur l'ordre du jour voté par une cinquantaine de ses collègues. A peine cette nouvelle est-elle annoncée que l'hémicycle commence du coup par se vider. Au moment où la présidente de la commission des lois, de l'administration et des droits de l'homme, Me Hélène Aholou Kèkè s'installe, il n'y a qu'une vingtaine de députés dans l'hémicycle. L'engouement avec lequel les députés Fcbe voulaient donner rapidement un collectif budgétaire et la nouvelle lecture de la loi sur le service militaire au gouvernement s'est estompé en un rien de temps. Et il n'est pas aussi possible d'ouvrir une nouvelle session extraordinaire pour la cause. Le chef de l'Etat est obligé au terme de l'article 57 alinéas 4 de la constitution du 11 décembre 1990 d'attendre l'ouverture de la deuxième session ordinaire en octobre 2007 pour faire passer son dossier.

Jean-Christophe Houngbo (Br. /Ouémé Plateau)



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